Entretien avec Marcus Peterzell de Ketchum, juré au festival Cannes Lions

Le festival international de la créativité Cannes Lions attire des personnalités qui ont su se hisser au sommet de leur profession grâce à leur audace créatrice. Nous avons eu l’honneur de rencontrer certains d’entre eux au cours d’une semaine bien remplie. Découvrez avec nous ce qui les inspire, avec qui ils travaillent et comment ils travaillent.

Marcus Peterzell est à la fois un homme d’idées et un philanthrope. Il est l’un des vice-présidents exécutifs de Ketchum, réseau international de relations publiques, et préside une association qui récolte des millions de dollars pour la recherche contre le cancer. Nous avons eu la chance de discuter avec lui de l’importance des grandes idées, de ses méthodes pour motiver une équipe et de sa plus belle réussite créative.

Vous participez au festival Cannes Lions depuis plusieurs années. En quoi cette édition est-elle différente des autres ?

J’ai un programme particulièrement chargé. Je fais partie des dix jurés qui choisissent les grands prix dans la catégorie musique, c’est une expérience incroyable ! J’ai animé la table ronde des célébrités dans la grande salle. Nous avons discuté de la différence entre la tradition hollywoodienne et la génération YouTube avec Laura Dern (l’actrice fétiche de David Lynch qui a joué dans plus de 60 films et séries, dont Jurassic Park et Big Little Lies, et qui sera au générique du prochain Star Wars) et Grace Helbig, qui est une énorme star sur YouTube. Et aujourd’hui, c’est la journée que j’ai préférée, car j’ai donné un cours à des étudiants à la Roger Hatchuel Academy (qui fait partie de la Cannes Lions School) sur l’art du marketing dans le divertissement.

J’ai sans cesse de nouvelles idées. Tout le monde est créatif et tout le monde a des idées, mais ce qui est difficile, c’est de faire naître de vraies bonnes idées au sein de son équipe.

Quand vous sentez-vous le plus créatif ?

Je suis créatif 24h/24. J’ai sans cesse de nouvelles idées. Tout le monde est créatif et tout le monde a des idées, mais ce qui est difficile, c’est de faire naître de vraies bonnes idées au sein de son équipe. Je fais ce métier depuis longtemps, alors je cherche naturellement des solutions pour aboutir à des résultats du genre 1 + 1 = 5 ! [Rires] Mais les idées ne viennent jamais à une heure précise. Je dis souvent que j’ai eu une idée géniale à 3h du matin. Ça sonne bien, mais ce n’est généralement pas vrai… En réalité, les idées peuvent arriver à toute heure.

Comment faites-vous pour concrétiser une bonne idée avec toute votre équipe ?

Ce qui est formidable, c’est que mon équipe est très pluridisciplinaire. Chaque membre a ses spécialités, mais ça ne les limite en rien : il n’y a pas de règles. J’ai une équipe qui travaille seulement sur les influenceurs, une autre dédiée aux événements, une personne qui gère uniquement la musique, une autre responsable de la division Ketchum Films. Chacun apporte son expertise, et nous essayons de collaborer et de développer tous les aspects de notre idée. Parfois, un membre de l’équipe peut demander à faire intervenir le responsable des événements, car il a une idée d’événement. D’autres peuvent simplement proposer des idées qui améliorent le concept d’origine, en laissant s’exprimer leur imagination, quelle que soit leur spécialité. Ce sont de vraies séances de brainstorming, en somme.

Nous avons aussi une plateforme qui nous donne accès à un réseau de 100 étudiants, à qui nous envoyons des briefs. Nous récoltons ainsi des idées qui viennent de l’extérieur.

Ce qui est formidable, c’est que mon équipe est très pluridisciplinaire. Chaque membre a ses spécialités, mais ça ne les limite en rien : il n’y a pas de règles.

Vous consacrez également du temps à la TJ Martell Foundation ?

Sur mon temps libre, je préside la TJ Martell Foundation, une fondation nord-américaine qui organise des événements musicaux pour la recherche contre le cancer. Nous avons récolté 350 millions de dollars au cours des quarante dernières années. Je suis le président de la fondation depuis environ quatre mois et c’est très gratifiant. C’est une fondation extraordinaire qui me permet de servir une bonne cause. J’ai la chance d’avoir un métier fantastique et de gagner correctement ma vie. Je trouve donc important, en retour, de contribuer à une bonne cause, et celle-ci est formidable.

Nous avons d’ailleurs accueilli Joe Jonas en invité surprise lors d’un cours que j’ai donné à la Cannes Lions School. Les Jonas Brothers ont récemment accepté de se produire à un événement que j’organisais. Inutile de vous dire que cela nous a permis de récolter beaucoup d’argent, ce qui était formidable.

Quelle est la réussite créative dont vous êtes le plus fier ?

Notre client Transit Wireless a créé une technologie permettant de bénéficier du Wi-Fi dans le métro. Jusque-là, le métro de New York n’avait pas de connexion Internet sans fil. L’arrivée du Wi-Fi était donc un véritable événement pour la ville de New York. Nous cherchions un moyen de lui donner un maximum de retentissement, alors je me suis mis en quête d’un artiste s’apprêtant à lancer un album. Nous avons trouvé Michael Bublé, qui venait de faire salle comble deux nuits d’affilée au Barclays Center et qui lançait justement un album le jour de l’arrivée du Wi-Fi dans le métro. Je l’ai convaincu de venir interpréter des titres de son album en première mondiale sur le quai d’une station, avec retransmission de la vidéo en direct. Les voyageurs qui sortaient des rames se retrouvaient en plein concert live de Michael Bublé ! Nous avons eu un énorme succès. Notre vidéo, montée en 13 minutes, a été aussitôt publiée sur YouTube. Après cinq millions de vues, elle s’est retrouvée en deuxième page du New York Times !

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