Future of Work — 18 juin 2020

L’impact du télétravail sur la productivité

“Parler de productivité pendant une pandémie, c’est un peu comme critiquer les musiciens qui jouaient pour les passagers du Titanic et qui se sont rués vers les canots de sauvetage. « Quoi ? Il n’y a pas de rappels ? »

 

Vous avez assez de soucis comme ça pour ne pas avoir à vous préoccuper en plus de votre productivité, surtout si vous êtes un travailleur dit « essentiel ». Si vous avez la chance de travailler de la maison, le simple fait de vous extirper de votre lit et de tenir la journée, c’est déjà en soi un accomplissement. Et avoir du travail aujourd’hui peut vous apporter une certaine motivation. Mais lorsque nous sommes en mode survie, qui se concentre vraiment sur les résultats ?

 

À en juger les sondages récents, tout dépend à qui vous posez la question. Depuis qu’une grande partie de la main-d’œuvre s’est mise au télétravail, les discussions sur la façon dont il affecte la productivité vont bon train.

 

D’après YouGov, 54 % des personnes interrogées pensent que le télétravail améliore leur productivité, car il y a moins de réunions, de trajets domicile-travail et de collègues qui les déconcentrent. Les employés de la Social Security Administration indiquent que le télétravail leur permet de travailler plus rapidement.

 

En revanche, le co-auteur de la célèbre étude de 2015 qui montre l’impact positif du télétravail pense que la situation actuelle du travail à domicile pourrait être un « désastre pour la productivité », car « nous travaillons en présence de nos enfants, dans des espaces inadaptés non choisis et sans possibilité d’aller au bureau ».

 

Dans la troisième partie de notre série intitulée Télétravail, nous avons demandé aux employés eux-mêmes s’ils se sentaient plus (ou moins) efficaces depuis qu’ils ont commencé à travailler de chez eux. Voici les 10 conclusions d’employés Dropbox situés en Irlande, en France, en Allemagne, en Israël, en Australie et aux États-Unis, après deux mois de travail entièrement à distance.

 

Plus de flexibilité et de temps pour se concentrer

« J’ai travaillé de chez moi deux ou trois jours par semaine à différents postes et dans plusieurs entreprises bien avant la pandémie, et je défends depuis longtemps la productivité du télétravail », déclare Micha Sprinz, responsable de la communication pour la zone Europe chez Dropbox. « Pour préparer un plan de communication, construire une histoire, ou faire des réunions individuelles productives, le bureau à mon domicile est l’endroit idéal pour être tranquille et pouvoir se concentrer. »

 

« Et en tant qu’employée qui ne travaille pas au siège de l’entreprise et dont la mission couvre plusieurs zones géographiques, j’ai l’habitude de parler avec des collègues, des partenaires et des clients internationaux grâce à la technologie. Mais je dois admettre que toutes les interactions virtuelles fonctionnent mieux lorsque des relations ont déjà été établies avant avec des réunions en personne. »

 

« Travailler de chez soi offre également une certaine flexibilité dans l’organisation de sa journée », poursuit Micha Sprinz. « Je démarre toujours ma journée par un jogging, puis je m’assois avec un café pour me concentrer sur la plus grosse tâche de la journée, pendant que je suis encore fraîche et que les effets de l’adrénaline se font encore sentir. Ensuite, je prends une douche et j’enchaîne avec les réunions et les tâches plus fonctionnelles. »

 

« Le télétravail offre aussi la possibilité de décider de ne pas travailler, car il peut y avoir d’autres priorités. Durant l’épidémie de COVID, avec mes deux enfants à la maison, j’ai pu bloquer du temps dans ma journée pour les aider avec leurs devoirs, faire des vidéos et des gâteaux, peindre des meubles et des figurines Warhammer ou, tout simplement, au lever du soleil, sortir avec les enfants pour qu’ils puissent respirer et s‘amuser un peu.« 

 

Rester sur la même longueur d’onde en changeant de canaux de communication

« Le télétravail a vraiment augmenté ma productivité », affirme Édouard Manche, responsable de compte Dropbox et HelloSign pour le secteur de l’enseignement. « Je travaille depuis le bureau de Paris. Le trajet me prend presque une heure de ma journée et c’est assez épuisant. Paris est une ville animée. Le fait d’inclure cette heure dans ma journée de travail me permet de rester concentré et d’éviter les interactions avec les collègues : entre ma vie sociale au travail et ma concentration, la balance a plutôt penché en faveur de cette dernière. »

 

« En tant que commercial, j’ai un objectif de revenus à atteindre et je me fixe moi-même des objectifs et des actions pour y parvenir (ou dépasser cet objectif) », explique-t-il. « Cela nécessite la collaboration de plusieurs équipes, et je travaille par exemple avec mes collègues de l’équipe des ventes indirectes (Channel), avec le marketing ou les architectes solutions. Il n’est pas toujours nécessaire de faire beaucoup de réunions pour que tout le monde reste sur la même longueur d’onde. Nous les évitons au maximum et utilisons les canaux Slack, ou simplement le téléphone pour faire avancer les choses. »

 

Concilier les enfants et les responsabilités professionnelles

Pour Jonathan Seroussi, responsable de l’ingénierie et du bureau Dropbox à Tel-Aviv, en Israël, le télétravail n’a pas eu d’influence significative sur sa productivité et sur celle de son équipe quand ils ont dû commencer à travailler de la maison le 8 mars.

 

« Tout a changé pour moi et pour beaucoup d’autres lorsque le confinement a été mis en place et que les écoles ont fermé à partir du 15 mars », se souvient-il. « Ma femme et moi avons des jumeaux de 4 ans et demi. Nous avons divisé nos journées par tranche de six heures pour travailler et nous occuper des enfants, car nous sommes tous les deux à plein temps. Le fait de réduire le temps que je peux consacrer à mon travail m’a permis de me concentrer sur l’essentiel. »

 

« Il est apparu évident que nous serions dans cette situation pendant au moins deux mois. J’ai donc pris ma liste de tâches et de priorités et je les ai réduites de moitié », déclare-t-il. « J’ai supprimé de nombreuses initiatives stratégiques et je n’ai gardé que celles qui étaient indispensables. J’ai également réduit le nombre de réunions et d’entretiens individuels, même si j’ai essayé d’en garder autant que possible. »

 

« C’est probablement ce qui a le plus affecté ma productivité. En tant que manager, je compte sur ma capacité à rencontrer des gens et à communiquer. L’impossibilité de lire le langage corporel et de passer du temps en dehors de Zoom a augmenté mon stress et affecté ma productivité, car je pense constamment à mon équipe. »

 

« Au niveau de l’équipe, les projets en cours d’exécution ont profité d’une meilleure productivité », indique Jonathan Seroussi. « Les étapes importantes n’ont pas été affectées. Les projets encore au stade de la recherche ou qui venaient de débuter ont eu du mal à avancer, surtout parce que les équipes n’étaient pas en mesure de planifier suffisamment de réunions. Cela est principalement dû aux contraintes horaires des parents qui travaillent. »

 

« J’ai une fille en bas âge à la maison », raconte Cappi Williamson, responsable de la communication pour la zone EMEA chez Dropbox. « J’ai donc dû planifier mes journées à l’avance, avec beaucoup plus d’attention qu’auparavant, quand j’avais une journée entière de travail. Cela semble être un luxe désormais. Je me demande avec qui je dois discuter, comment je vais pouvoir équilibrer mes responsabilités familiales avec mon mari et quelles sont les priorités pour chaque jour et chaque semaine. Cela m’a permis de me débarrasser du superflu et de mieux gérer mon temps. Ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille, mais je fais en sorte que cela fonctionne. »

 

La coordination avec d’autres fuseaux horaires est plus facile

De nombreux membres de l’équipe m’ont assuré que c’était en réalité mieux de travailler de cette façon avec les collaborateurs de la région de la baie de San Francisco », explique Jonathan Seroussi. « Pour nous, c’est plus facile de planifier des réunions plus tôt dans la soirée lorsque les collaborateurs de San Francisco n’ont pas besoin de faire leur trajet domicile-travail. Pour les membres de l’équipe, le fait que cette situation soit globale leur a permis de se sentir plus proches, avec une espèce de camaraderie due au confinement. »

 

« Étant sur la côte ouest, c’est devenu un peu plus facile de coordonner des réunions avec d’autres fuseaux horaires », estime McKenna Haniger, chargée des relations avec les analystes chez Dropbox. « Les heures du matin qui étaient d’habitude bloquées pour les trajets domicile-travail sont désormais libérées, ce qui offre quelques créneaux supplémentaires pour discuter avec des collaborateurs sur la côte est et en Europe. »

 

« L’un des avantages, c’est que je n’ai plus à trouver un créneau pour me rendre au travail entre ma dernière réunion avec la zone EMEA et un appel avec un collègue de San Francisco », se réjouit Linus Haferkemper, responsable de la relation client pour l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et les pays scandinaves.

 

Les bureaux régionaux semblent moins « loin »

« Le fait d’être une équipe entièrement distribuée a servi d’égalisateur pour ceux d’entre nous qui travaillent dans les bureaux régionaux ou sur d’autres sites », analyse Le Tran, responsable de la communication pour l’Asie-Pacifique et le Japon. « Avant, les équipes régionales devaient communiquer avec le siège ou le ‘vaisseau mère’. Maintenant, tout le monde est logé à la même enseigne. Nous sommes tous éparpillés, et le centre de gravité s’est déplacé, cela remet tout le monde au même niveau. »

 

Devenir plus arrangeant

Pour Linus Haferkemper, le télétravail a amélioré sa capacité à gérer son temps, et ce, pour deux raisons. « Tout d’abord, je ne fais plus de trajets domicile-travail. À la place, je vais souvent me promener avec ma femme. Je passe tellement plus de temps avec elle. Nous parlons plus, nos conversations sont plus poussées, et nos liens se renforcent. Ensuite, les gens sont plus arrangeants. Quand je vois des amis qui ne peuvent pas faire du télétravail pour telle ou telle raison ou qui ont même perdu leur emploi, je suis très fier et reconnaissant de travailler pour une entreprise comme Dropbox, qui est gérée par des dirigeants aussi attentifs et qui sont comme moi : des êtres humains. »

 

« Nous avons eu une conversation virtuelle avec Olivia (N.D.L.R. : Olivia Nottebohm, directrice des opérations chez Dropbox) et, comme nous tous, elle a les mêmes obligations : cuisiner, faire le ménage, tondre la pelouse », dit-il. « Les gens sont beaucoup plus compréhensifs maintenant que les horaires d’ouverture sont limités. Il y a des choses plus importantes dans la vie que d’assister à une réunion. »

 

« Je fais beaucoup de vidéoconférences avec des clients, et nous sommes tous dans le même bateau. J’ai vu tellement d’enfants interrompre les vidéoconférences. J’essaie d’arrêter la conversation dans ces cas-là, car en général les personnes coupent leur micro, disent à leurs enfants de partir et se sentent gênées. Donc, quand on entend ‘John, s’il te plaît, occupe-toi d’elle’, ‘Chauffe l’eau du thé’, ‘Prépare un sandwich’, tout ça, c’est plus important que notre conversation sur la validation du nom de domaine. J’espère que les améliorations au niveau humain et dans les relations commerciales perdureront. »

 

Apprécier le confort de son chez-soi

« Je pense que ma productivité a véritablement augmenté durant les premières semaines de télétravail. J’y étais déjà habitué avec mon emploi précédent », explique Linus Haferkemper. « Je dois aussi dire que je suis mieux équipé à la maison qu’au bureau. J’ai un bureau réglable en hauteur, avec un siège de qualité. C’est un vrai plus. Bien sûr, j’ai conscience que tout le monde n’a pas une pièce séparée à la maison, donc je comprends totalement que les collègues de mon équipe soient impatients de retourner au bureau. »

 

Pour lui, le télétravail n’a pas affecté sa capacité à réaliser les tâches. « Cela peut également être dû au fait que même dans le petit bureau de Hambourg, nous comptions beaucoup sur les collaborateurs d’autres bureaux », précise-t-il. « Je n’ai donc jamais vraiment pu m’approcher du bureau de mon manager ou de ce collègue de l’autre équipe avec qui je travaille tout le temps. J’échange 75 messages Slack ou je passe 25 minutes en vidéoconférence, c’est comme ça que ça fonctionne et que ça a toujours fonctionné pour moi. »

 

S’adapter à la monotonie

« Je pense que la chose la plus difficile par rapport au confinement, c’est la monotonie », confie Micha Sprinz. « Je suis une habituée du travail à distance et j’aime ça, et ma famille est évidemment très importante pour moi, mais la variété, c’est le sel de la vie. Ne pas pouvoir ponctuer cet équilibre entre vie familiale et professionnelle avec un concert de rock, une soirée avec ma chorale ou un bon dîner sur une terrasse de bistrot avec un ami par exemple, c’est ça qui a été le plus difficile durant le confinement. »

 

« Au début, j’ai eu du mal à m’adapter à une façon monotone de travailler, de communiquer et de collaborer via un seul écran, et certains jours, ça m’arrive encore », déclare Le Tran. « Ce qui me manquait, c’était de pouvoir interrompre ma journée de travail par des discussions en personne, des conversations à la machine à café, des plaisanteries… ».

 

« Je suis maintenant habituée au télétravail et j’apprécie le calme de mes matinées. Au lieu de me préparer pour aller au travail et de courir pour prendre mon bus, maintenant, je prends mon temps pour me préparer un café, faire du yoga, ou juste prendre un moment avant de me connecter. C’est agréable d’entamer la journée en douceur. »

 

Se sentir plus efficace, mais moins créatif

« Ma routine a beaucoup changé depuis la mise en place du confinement à San Francisco », déclare Natalie Mason de l’équipe Communication produit chez Dropbox. « Je suis professeur de fitness à temps partiel, donc j’ai laissé de côté mes séances quotidiennes de sport à 6h du matin, mes trajets domicile-travail et mes journées au bureau. »

 

« Durant cette période, je me suis sentie plus efficace, mais moins créative », déplore-t-elle. « Je me suis concentrée sur la réalisation des tâches, parce que je veux être sûre de ne pas laisser tomber mon équipe, mais sans communication en personne, j’ai plutôt l’impression d’avancer machinalement, au lieu de travailler ensemble pour parvenir au meilleur résultat possible. »

 

Trouver de nouveaux moyens pour se concentrer

« En travaillant de chez moi, je n’ai pas les repères auxquels je suis habituée au bureau et j’ai réalisé à quel point ils ont un impact sur ma journée de travail », explique McKenna Haniger. « En général, les réunions et les présentations ont lieu dans des salles de conférence. Je discute avec mes collègues pendant le déjeuner. Je lis les rapports dans un endroit calme et je réalise les tâches qui demandent plus de concentration à mon bureau. Tout se passe maintenant au même endroit à mon domicile. Cela nécessite un effort supplémentaire, car je ne peux pas compter sur un changement de décor pour me concentrer sur chaque tâche. »

 

Il s’agit de la troisième partie de notre série Télétravail, qui explique comment notre équipe s’adapte à sa nouvelle vie alors que toute l’entreprise travaille à distance.

 

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