Dropbox s’intéresse à l’avenir, pas si lointain, du travail
À quoi ressemblera le lieu de travail de demain et comment identifier les investissements à réaliser ?
Le Dr Richard A. MacKinnon, psychologue et expert au Future Work Centre, a livré des réponses passionnantes à ces questions lors de la conférence Future of Work organisée par Ovum.
Avec une carrière consacrée à l’examen critique des technologies actuelles et des prédictions dans ce domaine, le Dr MacKinnon est bien placé pour conseiller les entreprises en matière de nouvelles approches.
Nous l’avons donc contacté pour lui poser quelques questions sur la signification réelle du « Future of Work » et sur les mesures à prendre pour s’y préparer.
Pourquoi les entreprises doivent-elles s’interroger dès maintenant sur le « Future of Work » ?
Les technologies peuvent apporter quelque chose de positif au travail. Pouvoir être contacté sur son mobile, accéder à des informations lors d’un déplacement ou participer à une visioconférence de chez soi… tous ces services favorisant un mode de travail plus flexible peuvent présenter des avantages très importants et alléger la charge de travail d’un grand nombre d’entre nous.
Pour d’autres, cependant, notamment les petites entreprises, la tentation est grande de se précipiter sur chaque nouvelle révolution technologique. Certaines entreprises ont le sentiment d’être à la traîne dans ce domaine. Ainsi, pour un grand nombre d’entre elles, tout ce qui est nouveau est positif. Toutefois, introduire des changements pour anticiper l’avenir peut être risqué, coûteux et entraîner de sérieux problèmes.
S’il est vrai que les entreprises doivent s’intéresser au « Future of Work », je leur conseille toutefois de ne pas se projeter trop loin dans l’avenir. Après tout, il ne s’agit pas de lire dans des boules de cristal, mais d’analyser les investissements attractifs pour les entreprises d’aujourd’hui et d’évaluer si ces investissements contribueront à leurs profits sur le long terme.
Que doivent faire les entreprises pour tirer le meilleur parti des nouvelles technologies ?
Il est essentiel de choisir une approche adaptée pour qu’un nouvel investissement soit couronné de succès. Une gestion réussie du changement peut avoir un impact majeur sur la réussite d’un projet. En matière de technologie cependant, il n’existe pas de solution universelle. Bien souvent, il est utile d’interroger les équipes sur leurs préférences de travail pour trouver une solution.
La première étape consiste à identifier le problème que vous cherchez à résoudre et à déterminer si ce problème appelle une solution technologique. Avant d’engager des investissements de ce type, il peut être plus sage de prendre le temps de réfléchir et de recueillir l’avis des employés, plutôt que de se lancer tête baissée.
Assurez-vous ensuite d’identifier vos objectifs de façon très précise. Définissez des résultats mesurables et élaborez des scénarios d’activité cohérents de bout en bout, selon une approche globale. Outre les aspects financiers, pensez également à l’impact sur les employés, aux aspects destructeurs de tout changement et aux mesures à prendre pour limiter les risques. N’hésitez pas à suivre un discours contestataire !
La technologie ne cesse de faciliter la collaboration et la communication. Pensez-vous que les espaces de travail traditionnels sont voués à disparaître ?
Les entreprises peuvent désormais fonctionner sans bureaux dédiés. Il est d’ailleurs possible de mener une activité via le cloud sans être obligé de faire des réunions ou de rencontrer quiconque. Néanmoins, il me semble important de rappeler que lorsque l’on sollicite l’opinion des employés, ils expriment un attachement très important aux interactions et aux relations qu’ils entretiennent sur leur lieu de travail.
Les employés disséminés à travers le pays ne profitent pas forcément de la dimension sociale du travail, des conversations fortuites d’où peut jaillir l’innovation, voire du simple fait de pouvoir compter sur l’assistance de ses collègues. Pour beaucoup de ces employés, il s’agit d’aspects auxquels ils attachent une très grande valeur.
À quoi ressemblera le lieu de travail de demain ?
J’ai des idées très précises sur le sujet, car généralement les personnes interrogées imaginent qu’elles pourront circuler librement en utilisant les technologies dernier cri sans contraintes ni limites. Il est toutefois important de rappeler que les changements dus à la technologie ne concerneront pas toutes les professions.
À mon avis, nous aurons toujours besoin de médecins, de services d’urgence, de travailleurs sociaux, etc. Nous ne pourrons pas non plus nous passer des professionnels ayant un travail physique, comme les paysagistes, les ouvriers du bâtiment et bien d’autres. Penser que la technologie nous transformera tous en travailleurs virtuels est tout simplement irréaliste.
La technologie peut et va certainement entraîner une automatisation des tâches rébarbatives et nous en affranchir. Cependant, il est plus judicieux de penser au « Future of Work » par secteur d’activité, car chacun suivra un modèle différent. Les professions créatives utiliseront la technologie pour libérer les esprits et développer davantage de projets artistiques, mais pour beaucoup d’autres, nos préférences humaines nous conduiront à préserver les interactions personnelles, au moins de temps à autre !
Pour en savoir plus sur les recherches de Richard MacKinnon sur le « Future of Work », rendez-vous sur son site Web.