Conseils et avis d'experts — 11 septembre 2020

Enseignement à distance : modèle provisoire ou durable ?

Découvrez comment trois professeurs utilisent la technologie pour enseigner à distance, et ce à quoi pourrait ressembler l’enseignement dans le monde post-pandémie.

Alors que nous étions en plein confinement, nous avons dû revoir notre conception des services essentiels : la sortie au restaurant du vendredi soir ? Elle nous manque, mais on fera sans. Se couper les cheveux soi-même ? Une catastrophe pour notre look, mais ça repoussera ! Les pertes d’emplois et l’impact économique ? Un désastre avec des conséquences permanentes pour de nombreuses personnes. Mais il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas de la première crise économique ni de la dernière, et que les choses finiront par s’arranger.

Contrairement à une coupe de cheveux ratée ou une baisse de revenus, il est impossible de compenser la perte d’une année d’enseignement primaire ou secondaire.

En 2020, l’épidémie de COVID-19 a modifié la nature même de l’enseignement : plus d’un milliard d’enfants ont vu leur école fermer, ce qui représente 90 % de la population scolaire mondiale. Les parents ont dû prendre le relais à la maison, et les professeurs de primaire et secondaire ont tenté de préserver le programme, avec plus ou moins de réussite. L’une de mes amies, Laura, professeure de CE1, m’a expliqué comme il était compliqué de faire cours en vidéo à ses jeunes élèves, qui ont « juste envie de [lui] montrer leurs jouets ».

Rater un trimestre voire une année entière de cours peut sembler pire encore que perdre les revenus d’un trimestre pour une entreprise. Et une deuxième vague étant encore possible, on ne sait pas réellement combien de temps les écoles resteront ouvertes.

Pour l’instant, les mieux lotis utilisent la technologie. Cependant, Christina Paxson, présidente de Brown University, explique au New York Times que « les débats intellectuels enflammés n’ont pas la même dimension sur Zoom, et les opportunités de recherche dans les laboratoires et bibliothèques universitaires, et les interactions sociales entre étudiants de milieux différents » ne peuvent pas être totalement reproduites en ligne. Malgré cela, les établissements, les professeurs et les étudiants dépendent fortement de la technologie pour compléter leur travail. Et les conséquences de cette situation perdureront bien au-delà de 2020.

Ezio Blasetti enseigne l’architecture à l’école de design Stuart Weitzman de l’université de Pennsylvanie. Il anime actuellement un cours de construction assistée par ordinateur. Autrement dit, ses étudiants programment des robots qui construisent des immeubles. Le projet de l’année était la construction d’une installation pour la Biennale de Venise, l’un des événements mondiaux les plus importants en matière d’architecture, qui a dû repousser ses dates à 2021 en raison du coronavirus. Le cours ne s’est pas arrêté pour autant, et il continue à explorer à la fois l’art et les complexités de l’ingénierie et des mathématiques.

Étudiants de l’université de Pennsylvanie travaillant sur leurs concepts avant la pandémie de COVID-19 (photo : avec la permission de la Weitzman School of Design)

Le campus de l’université de Pennsylvanie a fermé ses portes le 11 mars, et avec lui le laboratoire de robotique où les étudiants testaient et perfectionnaient leurs inventions. Le cours de Blasetti a donc dû migrer en ligne, sur Dropbox et Zoom. Les programmes de cours, devoirs, supports et échanges d’idées se déroulent désormais dans Dropbox Paper.

« Dropbox a été essentiel pour réunir ma classe », constate Blasetti. « La plateforme ne sert pas uniquement à partager des informations, mais à rassembler toutes les idées qui fonctionnent ou ne fonctionnent pas au cours d’un projet, et pour nourrir nos discussions. »

« Dropbox Paper reproduit les avantages d’un espace de travail physique », ajoute Kevin He, étudiant. « On peut partager des fichiers avec tout un groupe, consulter l’historique des versions… Je commence à voir les avantages de la technologie. Nous pouvons enrichir nos workflows, car nous travaillons souvent avec des fichiers volumineux impossibles à se renvoyer par e-mail. Dropbox est vraiment pratique et intuitif. »

 

Capture d’écran d’un Dropbox Space

Capture d’écran d’un document Dropbox Paper

La classe utilise Paper pour rassembler professeur et étudiants de façon virtuelle. Et en conséquence, le professeur est plus présent qu’en temps normal. « Le fait que ce soit en temps réel est ce qui nous change le plus », remarque James Billingsley, un autre étudiant. « À tout moment, notre professeur peut se connecter et apporter des modifications à notre travail. »

Billingsley continue : « Il n’existe pas encore de règles pour ce nouveau genre de relation. Ça peut être déroutant. Parfois, on est en train de discuter avec un autre étudiant, et le professeur se connecte directement à notre fichier. C’est à la fois plus intime et moins intime qu’une salle de cours normale, ce qui est sympa quand on est tous séparés comme ça ». 

Avec la bonne infrastructure, il existe un potentiel énorme de démocratiser l’enseignement à distance.

Blasetti pense que l’enseignement à distance va se démocratiser, avec tous les pour et les contre qu’on lui connaît. « Il ne faut pas perdre de vue la question du privilège : beaucoup de gens dans le monde n’ont pas d’ordinateur ni d’accès à Internet. Mais au lieu d’y voir un obstacle, je pense que c’est l’occasion de mettre la priorité sur la façon de diffuser la technologie de façon économique. »

« Avec la bonne infrastructure, il existe un potentiel énorme de démocratiser l’enseignement à distance », explique Blasetti. « On voit des classes qui s’organisent d’elles-mêmes avec des participants du monde entier, et des traductions dans 40 langues. Les professeurs ne savent même pas combien de personnes se connectent. On peut imaginer étendre ça aux pays en guerre et commencer à développer un mode de vie et d’enseignement totalement différent. Les professionnels de l’enseignement en parlent depuis des années, mais l’arrivée de cette pandémie a permis de concrétiser le projet. »

La doctoresse Christina Han était agacée par la désinformation dont ses patients sont victimes. En tant que professionnelle des grossesses à haut risque et professeure agrégée à la faculté de médecine d’UCLA, elle ne pouvait pas rester sans rien faire face à la profusion d’informations mensongères ou parcellaires sur la COVID-19 qu’on trouve sur Internet. 

Nous devons faire confiance à la science, et j’ai pensé qu’il était important de partager ces informations à grande échelle, de façon efficace et organisée.

Han est spécialisée en périnatalogie. Elle a récemment mis en ligne un dossier Dropbox public contenant des publications, conseils et présentations sur la grossesse en ces temps de pandémie. « J’utilise Dropbox pour ma vie personnelle et professionnelle depuis longtemps », déclare-t-elle. « C’est la meilleure façon de partager en temps réel des dossiers et des documents avec mes patients, mes collègues et mes internes. Je ne m’étais jamais imaginé partager un dossier Dropbox à si grande échelle, mais c’était la façon la plus simple de communiquer des informations détaillées au plus grand nombre. »

« En tant que chercheuse, clinicienne et porte-parole de santé publique, je me suis sentie obligée de partager mon savoir scientifique à un moment où les gens sont si inquiets pour leur propre santé et celle de ceux qui les entourent« , justifie Han. « Nous devons faire confiance à la science, et j’ai pensé qu’il était important de partager ces informations à grande échelle, de façon efficace et organisée. »

L’école de design du Rochester Institute of Technology (RIT) est l’une des plus prestigieuses des États-Unis, et les designers sont par nature tournés vers l’avenir. Ce n’est donc pas surprenant si pour Miguel Cardona, maître de conférence au RIT et adepte de longue date de Dropbox, Slack, Figma et Zoom, la transition vers l’enseignement à distance s’est faite en douceur.

« Notre département reconnaît depuis longtemps l’importance d’être flexible« , explique Cardona. « Personne n’aurait pu prédire la situation actuelle, mais heureusement, nous étions déjà habitués à discuter, partager et collaborer en ligne. » 

Cardona utilise Dropbox Paper depuis 2016 pour les programmes de cours, les listes de présence, les devoirs, mais aussi pour répertorier des liens Figma et Dropbox ou commenter les projets de ses étudiants. « Avoir le fichier de conception et les commentaires au même endroit est super, ça permet aux étudiants d’avoir un feedback précis et en contexte. »

 

Capture d’écran d’un document Dropbox Paper

Capture d’écran d’un document Dropbox Paper

Avant la pandémie, il utilisait déjà Paper pour les plus grandes classes : « Durant les cours en amphi, les étudiants n’ont pas toujours l’occasion de donner leur avis à l’oral, et ils sont également plus timides. Avec Paper, ils peuvent partager leurs idées en temps réel, pendant qu’un autre étudiant fait son exposé. » 

 

Capture d’écran d’un document Dropbox Paper

Capture d’écran des commentaires dans un document Dropbox Paper

Les intégrations Dropbox avec Zoom et Slack ont aussi facilité la transition. « Les enregistrements de cours Zoom ont été particulièrement précieux durant le confinement. J’ai pu passer à l’enseignement en ligne sans interruption. Tous les étudiants savaient déjà quels outils utiliser et avaient confiance en leurs capacités« , raconte Cardona.

Nous adoptons ces formats pour rendre les cours plus accessibles durant une période où nous sommes forcés de redéfinir le concept de salle de cours.

Pour Cardona, l’enseignement en ligne a d’autres avantages que la distanciation physique : « J’utilise Dropbox Paper en cours pour les étudiants malentendants. Lorsque je fais une démonstration, j’ajoute des captures d’écran commentées à un document Paper. Ils peuvent suivre et poser des questions pendant que le travail se fait en temps réel. Nous adoptons ces formats pour rendre les cours plus accessibles durant une période où nous sommes forcés de redéfinir le concept de salle de cours. »

« J’ai également des étudiants d’autres pays, et cet environnement virtuel a été un vrai plus pour eux, qui ne peuvent plus venir sur le campus », explique Cardona. « Nous en avons tous assez de cette pandémie. Mais c’est de la nécessité que naît l’innovation, et de nombreux professionnels de l’enseignement étudient le sujet depuis un moment. »

L’enseignement à distance est imparfait. Les étudiants, les professeurs et les parents du monde entier ont hâte que les cours classiques reprennent, surtout pour les plus jeunes. Aucun des professeurs interrogés pour cet article n’imagine remplacer complètement l’enseignement à distance par un équivalent en ligne. Une idée qui ne serait d’ailleurs pas réalisable, car seulement 60 % de la population mondiale dispose d’une connexion Internet. 

Le point commun entre ces témoignages ? L’enthousiasme pour la technologie comme moyen de rendre l’enseignement plus accessible. Dans le chaos généré par la pandémie, les enseignants sont forcés d’adopter de nouveaux modèles, et consciemment ou non, de trouver des façons de s’adresser à un public plus large, la diversité de leurs classes se révélant lorsqu’elles ne sont pas réunies dans un même espace physique.

Aujourd’hui, l’enseignement à distance fait de son mieux pour reproduire l’enseignement en personne, ce qui est déjà un exploit en soi. Mais les professionnels du secteur réfléchissent également à en faire un modèle durable pour rendre l’enseignement accessible à plus de personnes, quels que soient leur pays, leurs besoins ou leurs ressources. Des innovations qui pourraient représenter une avancée incroyable pour les jeunes qui ne peuvent pas accéder à un enseignement de qualité.

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