Conseils et avis d'experts — 25 mai 2020
Télétravail : comment les habitudes évoluent quand toute une entreprise travaille à distance
Huit semaines se sont écoulées depuis que la crise du COVID-19 a obligé toute l’équipe Dropbox à quitter ses bureaux pour travailler à distance. Pendant ce laps de temps, bien des choses ont changé.
En dépit de la distance physique, nous apprenons à faire de notre mieux. Nous avons demandé à plusieurs membres de notre équipe comment ils surmontaient les difficultés liées au fait qu’ils ne pouvaient plus se rendre au bureau, et ce pour une durée encore indéterminée.
Dans le premier volet de notre nouvelle série intitulée Télétravail, nous examinons comment le travail à la maison change le concept des « horaires de bureau » et si l’élimination du temps de trajet se traduit par un gain de temps libre ou, au contraire, par un allongement de la journée de travail.
Quand les frontières entre la maison et le bureau s’estompent
Stacey Stevens Johnson, directrice de la communication et des partenariats chez Dropbox, souligne que son équipe travaille sans relâche pour que tous les collaborateurs internes et externes soient bien informés des dernières actualités et des répercussions sur Dropbox.
« Les règles habituelles passent à la trappe en ce moment », résume-t-elle. « Face à ce nouveau quotidien, ma journée de travail est un peu plus longue que d’habitude. Je me mets au travail à la même heure chaque jour, mais je termine plus tard. »
Stacey Johnson explique que, ne voyant plus ses collègues plier bagage en fin de journée, elle a parfois du mal à décrocher.
« En plus, comme nous utilisons beaucoup Slack pour communiquer, je reçois des notifications en permanence et je suis souvent tentée de répondre immédiatement. Les limites entre les heures de travail et les heures de repos sont un peu plus floues qu’avant. Mon agenda a beau comporter des plages de travail bien définies, je dois encore apprendre à les respecter davantage. »
Un avantage toutefois : elle passe un peu plus de temps avec sa fille.
« Ma fille est mon pilier émotionnel. Je suis ravie de pouvoir jouer avec elle pendant cinq minutes par-ci, par-là. »
Pour Stacey Johnson, exercer son rôle de parent tout en travaillant à temps plein relève du parcours du combattant. « Pourtant, ma fille me manquait beaucoup quand j’allais au bureau avant la crise du COVID-19. Je suis très heureuse à présent de la voir et de l’entendre tout au long de la journée. »
De la difficulté de se déconnecter quand on s’ennuie
Kate Sokolina, analyste produit chez Dropbox, reconnaît avoir du mal à ne pas consulter Slack et ses e-mails le soir. « Au bureau, à la fin de la journée, je me déconnectais de toutes les applications sur mon téléphone et mon ordinateur. À présent, les choses sont bien plus floues. Comme je m’ennuie un peu, je me connecte après les heures de bureau sur les réseaux sociaux. Je me mets alors à consulter des messages non urgents. »
« Pour chasser l’ennui ou le stress, on peut toujours exécuter mille et une tâches productives ou gratifiantes pour le travail. L’important, c’est de ne pas s’y atteler après les heures de travail, sous peine d’être plus fatiguée le lendemain. J’ai donc fait le plein de puzzles, de bouquins, de jeux vidéo et de livres de cuisine et j’ai préparé une liste de choses à faire en cas d’ennui au lieu de travailler le soir. Et ça marche ! Mon objectif est d’accomplir chaque tâche au moins une fois. »
Des outils pour se rappeler quand la journée de travail se termine
Joe Topasna, chef de projet RH chez Dropbox, explique qu’il a décidé d’organiser sa journée selon son rythme de travail habituel. « Je commence même ma journée à une heure plus prévisible, car je n’ai pas à gérer le facteur transports. »
« J’utilise la fonctionnalité Heures de travail de Google Agenda pour que mes collègues sachent quand j’ai fini ma journée », poursuit-il. « En respectant les emplois du temps de chaque collègue, mon équipe a pu maintenir ses horaires habituels de travail. Nous comprenons tous que nos journées ont un début et une fin. »
Le casse-tête des parents en télétravail
Kate Kruizenga, responsable des opérations et de la stratégie RH chez Dropbox, rappelle que, si le travail à domicile peut être synonyme de plus de liberté et de flexibilité pour certains, les parents qui télétravaillent doivent gérer deux emplois à plein temps en raison de la fermeture des crèches et des écoles.
« Je faisais déjà du télétravail quelques jours par semaine. C’est fantastique de voir ses collègues travailler aussi de la maison et mettre en place des façons de travailler plus inclusives, qui ne se limitent plus seulement aux personnes présentes au bureau. Les avantages sont indéniables », estime-t-elle. « Toutefois, il est inutile d’en rajouter en prétendant que la période actuelle est propice à la créativité et n’a que de bons côtés. »
« Les parents qui télétravaillent sont dans une situation impossible, et ce pour une durée indéterminée. Ce n’est pas du télétravail, c’est travailler et s’occuper de ses enfants en même temps », explique-t-elle. « Nous n’avons pas plus de temps. Il faut se lever à 6 h du matin et tenir jusqu’à minuit en jonglant entre le travail et les enfants toute la journée, sans pouvoir ne rien faire d’autre que gérer les urgences. Bref, nous sommes en mode survie », admet-elle. « Nous sommes trop fatigués pour être créatifs. Nous en sommes même à utiliser des arrière-plans virtuels lors de nos réunions Zoom pour essayer de dissimuler le désordre causé par nos enfants derrière nous. »
Pour Kate Sokolina, le travail à la maison offre certes une certaine souplesse, mais les frontières peuvent devenir poreuses, a fortiori pour les parents. « Il est important que nous prenions des nouvelles les uns des autres et que nous nous partagions la charge de travail. N’oublions pas que la fatigue et l’épuisement peuvent aboutir à de graves erreurs. »
Dans ce contexte, prendre du recul est essentiel : « Concilier télétravail et garde d’enfants est un problème mineur compte tenu de la pandémie actuelle. Heureusement, ma famille est en bonne santé, nous avons deux salaires qui rentrent et nous avons pu organiser notre rythme de vie dans le contexte actuel. »
Profiter du temps de transport économisé pour dormir davantage ou passer du temps en famille
« Je mets généralement une heure pour aller au travail et une heure pour rentrer », confie Joe Topasna. « Grâce au temps de transport économisé, je m’octroie chaque matin 30 minutes de sommeil en plus et 30 minutes pour préparer le petit déjeuner. Le soir, je tâche d’appeler en vidéo au moins un ami ou un proche pendant environ une heure. »
« Le matin, je prends tranquillement mon café et mon petit déjeuner avec ma famille et je passe un peu plus de temps avec ma fille », raconte Stacey Johnson. « Ça fait du bien de pouvoir prendre son temps le matin, au lieu de démarrer la journée à toute allure. »
Kate Sokolina, qui effectue habituellement une partie de son trajet domicile-travail à pied, met elle aussi à profit cette période de télétravail : « Je continue de sortir tous les jours pour faire un petit tour du quartier… après une heure de sommeil en plus ! »
Dans la deuxième partie de notre série Télétravail, nous demanderons à nos collaborateurs comment ils parviennent à maintenir une frontière entre vie personnelle et vie professionnelle.